devenu entretemps Réserve Naturelle Urbaine de la Grande Niaye de Pikine, Le 3 Mars 2023
Cette visite eut lieu plus tard qu’éspéré lors de notre découverte de ce site en Février 2020. Divers événements, dont la pandémie du Covid 19, nous ont en effet empêché de revenir au Sénégal avant 2023. Entre temps, le décret promulguant officiellement la « Réserve Naturelle Urbaine de la Grande Niaye de Pikine » avait été publié, protégeant officiellement ce site naturel et sa faune.
Pour cette seconde visite, nous avions invité notre ami Mamadou Ngom, dit « Vieux », à nous accompagner. Nous souhaitions lui faire découvrir ce site dont nous lui avions vanté l’intérêt. Et tout autant bénéficier de son expertise en ornithologie sénégalaise, et de ses performances étonnantes de « compteur », à même de dénombrer rapidement et précisément les différentes espèces présentes simultanément sur un site à forte densité aviaire. Deux qualités que nous avions souvent appréciées lors de nos visites au Parc National des Oiseaux du Djoudj où Vieux est Guide et Ecogarde. Son aide fut effectivement précieuse ce 3 Mars pour un second comptage des oiseaux du Technopole.
Lors de notre visite de 2020, nous avions été stupéfaits du nombre et de la variété des oiseaux que nous y avions observés: 2450 identifiés en 4 heures, appartenant à 57 espèces (nombres et espèces détaillés dans un tableau du compte-rendu de cette première visite). Nous en avions même vu beaucoup plus que nous n’avions pas comptabilisés faute d’avoir identifié leur espèce avec certitude, n’ayant pas pu les approcher suffisamment.
Par comparaison avec cette première expérience, nous avons été un peu dépités en pénétrant le site ce 3 Mars. Il semblait y avoir nettement moins d’oiseaux qu’en 2020. Nous craignions de ce fait que notre ami Vieux, habitué à l’extraordinaire profusion aviaire du Djoudj, soit lui aussi aussi déçu. Il se montra au contraire enchanté de sa visite. Il est certain que même s’il nous semblait avoir observé plus d’oiseaux 3 ans auparavant, il y avait encore beaucoup en 2023 !
Les résultats du comptage réalisé en 2023 confirmèrent notre première impression : environ 1400 oiseaux identifiés, appartenant à 48 espèces, soit 1050 oiseaux et 9 espèces de moins qu’en 2020 (respectivement -59% et - 43%). Bien que nous ayons consacré autant de temps qu’en 2020 à ce comptage (4h), et que nous ayons été cette fois 3 compteurs, dont Vieux, particulièrement expert en la matière, au lieu de 2 en 2020. A noter qu’en réponse à mes questions, le jeune militaire qui nous servit de guide en 2023, qui participe régulièrement aux comptages effectués sur ce site, nous confirma que lui-même, comme d’autres membres du staff, avaient aussi l’impression d’une diminution récente de la population aviaire de la Réserve, et peut-être, au moins un temps, d’une augmentation du nombre des oiseaux trouvés morts.
Plusieurs explications pourraient rendre compte cette diminution des oiseaux comptés en Mars 2023:
Une visite moins complète en 2023 qu'en 2020 ? La Réserve de la Grande Niaye est vaste. Nos 2 visites y ont été guidées par des soldats différents, qui ne semblaient ni l’un ni l’autre en connaitre totalement la topographie. En 2023 nous n’avons pas retrouvé une zone de maraichage dans laquelle nous avions observé de nombreux limicoles en 2020. Peut-être l’avons-nous manquée, et avec elle les oiseaux qui la fréquentaient. Ou bien n’était-elle plus visible en 2023, car submergée par un niveau manifestement plus élevé de l’eau. Le nombre des oiseaux que nous y avions observés en 2020 (270) ne pouvait toutefois pas expliquer à lui seul la différence de 1050 oiseaux entre nos 2 comptages.
Plus de difficulté qu’en 2020 à discerner et identifier les oiseaux les plus éloignés du fait d’une augmentation
de la taille des bassins, empêchant l’observateur de bien distinguer les oiseaux situés à leur extrémité ?
Bien que les 2 photos ci-dessous aient été prises sous des angles différents, leur comparaison démontre la possibilité de variations considérables selon le moment de la taille des différents bassins qui composent la Grande Niaye. Leur dimension était manifestement beaucoup plus importante à l’époque du premier cliché qu’à celle du second. De telles variations s’expliquent a priori par celles de la pluviosité et par le temps écoulé depuis la dernière saison des pluies au moment de la photo. Or tant le niveau de l’eau que les dimensions des bassins nous avaient semblé nettement plus importants en 2023 qu’en 2021. Ce qui pouvait s’expliquer par les pluies extrêmement abondantes et prolongées de l'hivernage précédent. Les oiseaux situés sur les berges opposées à notre point d’observation pouvaient donc être plus difficiles à distinguer et à identifier. Les photos ci-dessous illustrent ce problème.
Carte Google du Technopole et de la Grande Niaye de Dakar-Pikine, Sénégal, incluant la Réserve Naturelle Urbaine de la Grande Niaye. Ce cliché, manifestement pris en période de hautes eaux, donne une idée des dimensions considérables que peuvent atteindre les plus grands bassins de la Grande Niaye. Il illustre aussi le véritable enchâssement de la Réserve Naturelle Urbaine au sein des agglomérations de Dakar et de Pikine. La Niaye est longée sur la gauche par l'autoroute A1 par lequel nous y sommes arrivés. Le premier point orange situe l'entrée dans la Réserve, le second le poste de garde contrôlé par des militaires, et le 3éme le site des bureaux de la Réserve installés dans l'ancien club-house du Golf de Dakar.
Grands bassins de la Niaye de Pikine, longés par l'enfilade de jardins depuis laquelle nous avons effectué une partie de nos comptages, Technopole de Dakar-Pikine, Sénégal Ce cliché pris depuis l'autoroute A1 montre aussi les grands bassins de la Niaye, mais à un moment où le niveau de l'eau était beaucoup moindre que sur la photo précédente, laissant émerger de vastes surfaces de végétation. C'est depuis les balustrades en béton que nous avons fait une grande partie de nos observations en 2023.
La photo ci-dessous à gauche a été prise en 2023 à l’aide d’un télé-objectif de 600 mm. On y voit sur la droite, de l’autre côté de l’eau, une sorte de plage sur laquelle de nombreux petits points pourraient correspondre à des oiseaux que nous n’avons pas comptabilisés du fait qu’ils n’étaient pas plus distinguables aux jumelles et que nous ne disposions ni d’une embarcation pour les approcher, ni d’une lunette d’approche.
La photo ci dessous à droite correspond à un agrandissement de la photo précédente, que nous avons réalisé a postériori. Elle confirme la présence de nombreux oiseaux sur cette rive opposée, cependant pas plus identifiables ni dénombrables avec précision. On imagine facilement que le risque d'une telle méconnaissance ou impossibilité d’identification des oiseaux les plus éloignés augmente au prorata de leur éloignement en cas d’augmentation des dimensions des bassins.
Pélicans gris (Pink-backed pelicans, Pelecanus rufescens) se reposant sur un ilot de la Grande Niaye de Dakar-Pikine, Sénégal. Une autre image emblématique de la nouvelle Réserve Naturelle Urbaine, associant à une vaste étendue d'eau une nature foisonnante, ici particulièrement arborée, qui semble s'insinuer entre les grands immeubles modernes de la ville de Pikine.
Tandis qu'au repos sur l'un des nombreux ilots verdoyants qui parsèment la grande Niaye, une dizaine de Pélicans gris, ainsi qu'une Sterne royale en plumage internuptial, un Cormoran africain et un Vanneau éperonné semblent contempler cette ville nouvelle qui a toléré leur présence.
Sur la partie droite de la berge opposée, quelques points blancs faisaient aussi suspecter la présence d'oiseaux non identifiables du fait de leur taille insuffisante, et ce malgré le grossissement 600 mm de mon téléobjectif.
Agrandissement a posteriori du cliché précédent pris, au départ, avec un téléobjectif de 600mm. Cet agrandissement supplémentaire révèle au loin un nombre élevé d'oiseaux qu'il ne nous avait pas été possible de comptabiliser lors de notre visite faute de lunette d'approche ou d'embarcation permettant de les approcher, Technopole de Dakar-Pikine, Sénégal. En grossissant le cliché précédent, déjà très amplifié par notre objectif de 600 mm, nous avons pu confirmer qu'il y avait bien sur la berge opposée de la Niaye, dans une zone dont nous n'étions pas parvenus à nous approcher plus, au moins une centaine d'oiseaux non comptabilisés lors du dénombrement effectué à l'aide de nos seules jumelles, et dont les résultats sont consignés sur le tableau. Malgré nos efforts, le dénombrement de 2023 avait donc été, comme celui de 2020, sous-évalué faute de moyen approprié. Ce grossissement nous a aussi permis de révéler à droite de l'ilot enherbé un Jacana à poitrine dorée qui n'était pas identifiable à plus faible grossissement. Ce grossissement ultime ne nous a cependant pas permis d'identifier l'espèce des oiseaux situés à l'arrière plan, probablement pour beaucoup des cormorans.
Notre seconde visite a eu lieu un peu plus tard dans l’année (début Mars au lieu de début Février). A ce moment, certains oiseaux « manquants » pouvaient correspondre à des migrants paléarctiques ou intra-africains ayant déjà quitté la Réserve pour rejoindre leurs zones respectives de reproduction. En 2023 nous n’avons effectivement observé aucun représentant de plusieurs espèces partiellement ou totalement migratrices identifiées en Février 2020 : Barges à queue noire (31 en 2020), Echasses blanches (18), Grands gravelots (32), Canards souchet (36) et Busards des roseaux (2). De même nous n’avons compté en 2023 que 50 Bécasseaux au lieu de 210 en 2020. La différence la plus spectaculaire concernait les Goélands bruns, dont nous avions compté 760 individus en 2020 contre seulement 35 en 2023. Cette hypothèse du départ d’un bon nombre des migrateurs avant notre comptage de 2023 est donc très plausible.
Mais le total des individus de ces 6 espèces migratrices que nous venons de citer présentes en 2020 mais manquant en 2023 (n = 1004) ne pouvait rendre compte que d’une partie des oiseaux « manquants » en 2023. A l’inverse, les Cormorans à poitrine blanche étaient beaucoup plus nombreux en 2023 (au moins 560) qu’en 2020 (187), ce qui pourrait s’expliquer par l’absence en Février 2020 d’individus partis se reproduire ailleurs, particulièrement dans la Réserve du Djoudj, dont certains pouvaient être déjà de retour en Mars, et qui plus est, accompagnés de leur progéniture.
C’est en fait très probablement la saison des pluies inhabituellement intense et prolongée ayant précédé notre seconde visite qui a joué le rôle le plus important dans la possible diminution des oiseaux du Technopole. Les mécanismes en cause sont vraisemblablement proches de ceux qui ont gravement endommagé au même moment le site naturel du Lac Rose. Au cours de la saison des pluies, les inondations sont fréquentes dans la région de Dakar et plus particulièrement à Pikine. Cette ville a été construite sur un terrain marécageux. Son urbanisation s’est longtemps développée en dehors de toute réglementation. Il en a résulté une carence en ouvrages d’assainissement et souvent, pour ceux qui existaient, à un défaut d’entretien. Pikine serait inondée chaque année depuis 2006. Mais les précipitations ont été considérablement plus abondantes durant l’hivernage 2022-23. Alors que le total des pluies tombant chaque année sur la région de Dakar est estimé à 550 mm en moyenne, il en est par exemple tombé 270 mm en 36h les 5 et 6 Aout 2022, soit la moitié du total annuel habituel en moins de 2 jours. Et même 740 mm en 24h le 28 Octobre, soit une fois et demi le total annuel habituel !!
Face à de tels déluges, les possibilités de drainage des eaux sont dépassées. De plus le ruissellement emporte les résidus chimiques et autres toxiques qui couvrent le sol. L’excès d’eau fait aussi déborder les égouts et, ainsi polluée et potentiellement toxique pour la vie animale, l’eau se déverse in fine dans les zones basses, donc dans la Grande Niaye, où elle risque d’empoisonner poissons et oiseaux qui les consomment. Un tel phénomène a été évoqué fin 2022 pour le Lac Rose (où il a aussi causé un changement radical du pH de l’eau, à l’origine de la disparition de sa couleur rose). Nous avions visité ce lac la veille de notre visite au Technopole, et avions observé sur ses berges plus de 20 sternes mortes.
En conclusion il y avait toujours un nombre d’oiseaux et une varièté d’espèces étonnants lors de notre seconde visite la nouvelle Réserve Naturelle Urbaine de La Grande Niaye de Pikine, même si ces nombres étaient probablement moindres le 3 Mars 2023 que le 4 Février 2020. La discussion qui précède a souligné combien il était difficile de comparer objectivement 2 comptages réalisés à 3 ans d’intervalle, et dans des conditions en partie différentes. Lors de notre seconde visite, nous ne sommes pas surs d’avoir revu tous les sites que nous avions « compté » lors de la première. Le niveau de l’eau de la Niaye, manifestement plus élevé lors de la seconde visite, a certainement rendu plus difficile un comptage extensif des oiseaux les plus éloignés. En 2023, le départ d’espèces migratrices lors d’un comptage plus tardif d’un mois, surtout celui des Goélands bruns, a aussi pu contribuer. Enfin une surmortalité des oiseaux du Technopole liée au déversement dans la Niaye de quantité d’eaux polluées lors d’une dernière saison des pluies torrentielle a aussi pu s’ajouter.
Nous reviendrons certainement visiter la nouvelle Réserve Naturelle Urbaine, et y tenterons peut-être un nouveau comptage ! Nous espérons en tous cas que son classement en espace protégé permettra une restauration, sinon même une expansion supplémentaire de sa formidable population aviaire. La création de cette Réserve constitue certainement une expérience passionnante et particulièrement originale.
Tableau Technopole de Dakar-Pikine ou Réserve Naturelle Urbaine de la Grande Niaye de Pikine : Espèces et nombre d’oiseaux observés en 4 heures le 3 Mars 2023
Nom français
Nom anglais
Nom latin
Nombre
ESPECES AQUATIQUES
Aigrette garzette
Little egret
Egretta garzetta
7
Aigrette ardoisée
Black heron
Egretta ardesiaca
5
Alcyon pie
Pied kingfisher
Ceryle rudis
2
Anhinga d’Afrique
African darter
Anhinga rufa
6
Avocette élégante
Pied avocet
Recurvirostra avosetta
70
Balbuzard pêcheur
Osprey
Pandion haliaetus
4
Bergeronnette printanière
Western yellow wagtail
Motacilla flava
2
Busard des roseaux
Western marsh harrier
Circus aeruginosus
2
Chevalier aboyeur
Common greenshank
Tringa nebularia
14
Chevalier sylvain
Wood sandpiper
Tringa glareola
2
Combattant varié
Ruff
Calidris pugnax
4
Cormoran africain
Reed cormorant
Microcarbo africanus
89
Cormoran à poitrine blanche
White-breasted cormorant
Phalacrocorax lucidus
560+
Crabier chevelu
Squacco heron
Ardeola ralloides
14
Dendrocygne veuf
White-faced whistling duck
Dendrocygna viduata
17
Goéland brun
Lesser black-backed gull
Larus fuscus
37
Grande aigrette
Great egret
Ardea alba
10
Grèbe castagneux
Little grebe
Tachybaptus ruficollis
8
Guifette moustac
Whiskered tern
Chlidonias hybrida
2
Héron cendré
Grey heron
Ardea cinerea
13
Héron garde-boeufs
Western cattle egret
Bubulcus ibis
15
Héron intermédiaire
Intermediate egret
Ardea intermedia
16
Héron strié
Striated heron
Butorides striata
2
Ibis sacré
Sacred ibis
Threskiornis aethiopicus
31
Jacana à poitrine dorée
African jacana
Actophilornis africanus
1
Martin-pêcheur huppé
Crested kingfisher
Corythornis cristatus
1
Mouette à tête grise
Chroicephalus cirrocephalus
Grey-headed gull
3
Pélican blanc
Great white pelican
Pelecanus onocrotalus
10
Pélican gris
Pink-backed pelican
Pelecanus rufescens
120
Phragmite des joncs
Sedge warbler
Acrocephalus schoenobaenus
2
Rousserolle des cannes
Greater swamp warbler
Acrocephalus rufescens
1
Sterne caugek
Sandwich tern
Thalasseus sandvicensis
8
Sterne caspienne
Caspian tern
Hydroprogne caspia
17
Sterne hansel
Gull-billed tern
Gelochelidon nilotica
16
Sterne royale ou Africaine
Royal tern
Thalasseus maximus
4
Vanneau éperonné
Spur-winged lapwing
Vanellus armatus
14
ESPECES NON AQUATIQUES
Capucin bec d’argent
African silverbill
Euodice cantans
6
Cisticole des joncs
Zitting cisticola
Cisticola juncidis
4
Cochevis huppé
Crested lark
Galerida cristata
4
Coliou huppé
Blue-naped mousebird
Urocolius macrourus
1
Corbeau pie
Pied crow
Corvus alba
3
Coucal du Sénégal
Senegal coucal
Centropus senegalensis
2
Crombec sittelle
Northern crombec
Sylvietta brachyura
1
Hypolaïs obscure
Western olivaceous warbler
Iduna ipaca
1
Milan à bec jaune
Yellow-billed kite
Milvus aegyptius
19
Milan noir
Black kite
Milvus migrans
5
Pigeon roussard
Speckeld-pigeon
Colomba guinea
3
Souimanga à ventre jaune
Variable sunbird
Cinnyris venustus
2
Travailleur à bec rouge
Red-billed quelea
Quelea quelea
220
NOMBRE TOTAL D’ESPÉCES : 48 (dont 35 espèces aquatiques et 13 non aquatiques)
NBRE TOTAL ESTIMÈ D’OISEAUX : 1400 (dont 1130 aquatiques et 270 non aquatiques)
Cormoran africain (Reed cormorant, Microcarbo africanus), juvénile perché au pied d'une berge de la Grande Niaye de Pikine, Dakar Sénégal. Cette fois encore, ce sont des cormorans qui nous accueillirent lors de notre entrée dans la nouvelle "Réserve Urbaine Naturelle de la Grande Niaye de Pikine". Mais il s'agissait cette fois d'une autre espèce, le Cormoran Africain, beaucoup plus petit que le Cormoran à poitrine blanche, d'où son ancien nom de "Petit Cormoran". Ici la photo du juvénile qui nous apparut le premier .
Cormoran Africain (Reed cormorant, Microcarbo africanus), juvénile perché au pied d'une berge de la Grande Niaye de Pikine, Dakar Sénégal. La particularité de cet oiseau à vrai dire assez commun était le cadre inhabituel dans lequel nous l'avons vu ce matin là, caractéristique de la Réserve urbaine: parois verticales encadrant la Niaye, surmontées de grands immeubles auprès desquels ces cormorans paraissaient minuscules.
Cormorans à poitrine blanche (White-breasted cormorants, Phalacocrorax lucidus) se réchauffant sous le soleil matinal, Technopole de Pikine, Dakar, Sénégal. Les Cormorans à poitrine blanche, n'étaient pas très loin des Cormorans africains qui se mélangent cependant peu avec eux. Lors de notre visite, ils étaient installés sur plusieurs ilots dont ici le plus grand faisait face à un mirador installé depuis notre première visite à proximité des locaux administratifs de la Réserve. Ce cliché typique du Technopole, avec la ville à l'arrière plan, illustre bien l'originalité de cette Réserve urbaine. Les myriades d'oiseaux qu'elle contient, habituellement farouches vis à vis de l'espèce humaine, nous ont semblé l'être nettement moins dans cet environnement urbain. Sur l'ilot photographié plus de 400 Cormorans, en plus de 6 Pélicans gris, 5 Hérons cendrés, 2 Ibis sacré, et 2 Vanneaux éperonnés, sans compter le Balbuzard pêcheur perché derrière l'ilot, et le Corbeau pie qui arrive au vol! Déjà une belle variété.
Autres ilots principalement occupés par des Cormorans à poitrine blanche (White-breasted cormorants, Phalacocrorax carbo), Technopole de Pikine, Dakar, Sénégal. Sur le plus grand de ces autres ilots, de nouveau une majorité de Cormorans à poitrine blanche, pour la plupart occupés à se toiletter. Mais aussi un Pélican gris, 2 aigrettes, 3 Hérons cendrés et 2 Ibis sacrés. A l'arrière quelques Cormorans Africains perchés sur la végétation d'ilots plus petits. Et au fonds des habitations plus anciennes, de plain pied.
Gros plan de l'un des ilots majoritairement occupés par les Cormorans à poitrine blanche (White-breasted cormorant, Phalacocrorax lucidus), Technopole de Pikine, Dakar, Sénégal. Presque tous les oiseaux sont effectivement des Cormorans à poitrine blanche, dont beaucoup en train de se toiletter. On distingue bien leur poitrine blanche, seul critère les différenciant du Grand Cormoran européen (Phalacocrorax Carbo) à la poitrine noire. Tous ces Cormorans sont en plumage internuptial, sinon ils montreraient comme les Grands cormorans européens une tâche blanche sur la cuisse. Parmi les cormorans, aussi 3 Aigrettes et un Ibis sacré vers le centre de la photo.
Cormorans à poitrine blanche (White-breasted cormorants, Phalacocrorax lucidus) et Sternes Hansel (Lark-billed Terns, Gelochelidon nilotica) sur un banc de sable surplombé par des immeubles du Technopole de Dakar-Pikine, Sénégal. Ce jour là les Cormorans à poitrine blanche constituaient l'espèce la plus abondante dans la Réserve Urbaine (au moins 560 individus contre 187 en 2020). Tous ne résidaient pas sur les ilots décrits précédemment. Nous en avons vu sur plusieurs autres sites comme ce banc de sable sur lequel ils étaient associés à des Sternes Hansel. Quelle chance pour les habitants de ces immeubles de pouvoir découvrir chaque matin depuis leurs fenêtres les oiseaux occupant ce jour là le banc de sable!
Pélicans gris (Pink-backed pelicans, Pelecanus rufescens) se toilettant sur une berge de la nouvelle Réserve urbaine, associés à quelques Hérons cendrés, Technopole de Dakar-Pikine Sénégal. Deuxième espèce par le nombre observée ce jour là (environ 120), les Pélicans gris étaient plus nombreux qu'en 2020 (38). Nous les avons observés principalement depuis une corniche plantée de parterres décoratifs, laquelle séparait la Réserve de la voie rapide par laquelle nous avions atteint Pikine. On en voit ici une dizaine se toilettant calmement sur un ilot proche d'une berge, laquelle supporte un grand hangar et d'autres bâtiments, dont une végétation profuse les sépare, sécurisant probablement ces oiseaux.
Pélicans blanc et gris (great white et Pink-backed pelicans, Pelecanus onocrotalus et rufescens) se toilettant, Technopole de Dakar-Pikine, Sénégal. Sur ce cliché on distingue sur la droite un Pélican blanc, probablement déjà de retour du Parc National du Djoudj où il s'est reproduit. En plumage de transition, il est reconnaissable par sa taille beaucoup plus grande que celle des Pélicans gris qui l'entourent, et par la coloration encore jaune-orange de son bec. On peut aussi identifier prés d'eux 3 Hérons cendrés, 2 Vanneaux éperonnés, et 1 Crabier chevelu.
Dendrocygnes veufs adultes (White-faced whistling duck, Dendrocygna viduata), Technopole de Pikine, Dakar, Sénégal. Le Dendrocygne veuf est ainsi nommé du fait des tâches blanches de sa tête, qui contrastent avec son cou noir et lui donnent une allure endeuillée. Peu de différence entre le mâle et la femelle hormis des couleurs un peu moins vives chez cette dernière. C'est l'un des canards africains les plus répandus.
Grèbe castagneux (Little grebe, Tachybaptus ruficollis), adulte internuptial, Technopole de Dakar-Pikine, Sénégal. Nous avons observé lors de notre comptage 2023 8 individus de cette sympathique espèce (7 en 2020). Celui-ci arborait un plumage internuptial selon l'absence de roux au niveau de la tête et du cou et, et l'atténuation de la tâche commissurale jaune, beaucoup plus marquée et vive chez les individus nuptiaux.
Souimanga à ventre jaune (Variable sunbird, Cinnyris venustus), mâle nuptial, Technopole de Dakar-Pikine, Sénégal. Un petit souimanga (10 cm) au bec fortement arqué, dont le mâle brille par ses couleurs vives lorsqu'il est en plumage nuptial: d'une part violet du front et de la poitrine, souligné pour cette dernière (non vue sur ce cliché) par un épais trait horizontal noir, d'autre part vert encore plus brillant de de la calotte et du dos. Dans les 2 sexes, la couleur du ventre varie du blanc à l'orange selon la sous-espèce, ce qui explique le nom anglais de "Variable sunbird". La femelle est plus petite et terne. Son dessus est brun-gris pâle.
Cisticole des joncs (Zitting cisticola, Cisticola juncidis), Technopole de Pikine, Dakar, Sénégal. Cet individu était probablement une femelle nuptiale selon son bec brun clair (mieux vu sur d'autres clichés) et l'importance des stries de sa calotte (unie chez le mâle nuptial).
La Cisticole des joncs pourrait être confondue avec le Prinia gracile (Prinia gracilis), mais la queue de ce dernier est beaucoup plus longue.